Du particulier au général...

 

        Avant la Première Guerre mondiale le Coast Artillery Corps était essentiellement chargé d’assurer la surveillance des côtes américaines. Les installations d’artillerie étaient principalement des défenses portuaires stationnées dans un fort. Les canons étaient de gros calibre mais sans mobilité aucune. Après l’entrée en guerre des Etats-Unis, le 2 avril 1917, avec l’envoi d’un corps expéditionnaire en Europe, le Coast Artillery Corps était mal équipé et mal préparé pour une telle expédition. En opérant auprès des forces alliées, il jouera, comme les autres renforts américains, un rôle majeur dans la victoire contre les Allemands. Cette artillerie était organisée en 13 brigades, chacune ayant 33 régiments. Un régiment avait 5 ou 6 batteries  avec entre 250 à 300 hommes chacune pour quatre pièces d’artillerie. Le service militaire n’existant pas, l’armée américaine ne comptait que 200.000 volontaires, manquant d’entraînement pour être immédiatement engagés dans les combats meurtriers qui faisaient rage en Europe depuis 1914. C’est dans une improvisation quasi-totale que les Etats-Unis sont entrés en guerre.

          Une grande campagne de mobilisation fut alors lancée mais peu de volontaires répondirent à l’appel. La plupart étaient des immigrés ou des fils d’immigrés. La conscription a donc été mise en place pour les hommes de 21 à 30 ans.

          De plus, le stock d’armement était insuffisant et, dans un premier temps, les Américains durent utiliser du matériel français ou anglais tels les canons 8 INCH British Howitzer ou 9-2 INCH British Howitzer.

          Apocryphe ou pas, le général Pershing, chef du Corps Expéditionnaire, pouvait proclamer « La Fayette nous voilà ».

 

Une organisation impressionnante.

Mal préparée, peut-être, mais riche et bien organisée.

       C’est à partir du printemps 1918 que le gros des troupes américaines arrive en France et notamment en Limousin. En Haute-Vienne elles stationneront principalement dans les communes de Limoges, Aixe, Ambazac, Bellac, Châlus, Couzeix, Nexon, Pierre-Buffière, Saint-Léonard.

       Limoges et sa région, important centre hospitalier américain, est aussi centre d’entraînement pour l’artillerie lourde des Coast Artillery Company avec le camp de La Courtine. La capitale limousine est connue de l’American Expeditionary Force comme étant «’Organisation and Training Center N°2, Tractor Artillery », l’Etat-Major de ce centre étant à la caserne du 20ème dragon, quartier Blanqui.

           Le transport des soldats américains se fait, le plus souvent, dans les wagons à bestiaux des chemins de fer français (40 hommes 8 chevaux), ce qui provoquait à la fois leur étonnement, leur amusement et leur incompréhension. Pour eux, il était déjà inhumain de transporter des animaux dans ces conditions !

        Lors de son incorporation, chaque soldat recevait un manuel du « parfait soldat » de 350 pages et de couleur verte comprenant un lexique de vocabulaire franco-anglais ainsi qu’un petit recueil de chansons comme la Marseillaise en anglais. A Limoges il lui était remis un guide de la ville, rédigé en anglais, mais dont l’intérêt principal consistait en des annonces publicitaires.

         Sept Coast Artillery Company, les C.A.C., vont stationner dans la région de Limoges, loin du front, pour commencer leur entraînement :

           - La 65ème C.A.C., partie de New-York à bord du Mauritania, arrive au Havre le 4 avril 1918 après avoir traversé l’Angleterre en train. Après 4 jours de voyage les soldats parviennent à Limoges, via Vincennes et Orléans. Ils sont de suite autorisés à visiter la ville mais leur principal centre d’intérêt sera les bains-douches. Après quelques semaines passées à Limoges, à la caserne Blanqui (20ème dragons), le 1er bataillon est envoyé à Nexon, le second à Pierre-Buffière et un peu plus tard le 3ème bataillon rejoindra Nexon. Regroupé, l’ensemble est envoyé à La Courtine pour entraînement au tir d’obus et part au front vers le 21 août.

          - La 58ème C.A.C. débarque à Brest le 23 mai. Dirigée sur Limoges, elle y arrive après 40 heures de voyage, via Tours, pour être basée à partir du 31 mai à Saint-Léonard et Ambazac. Elle restera dans ces deux villes deux mois et demi. 

          - La 66ème C.A.C. débarque à Cherbourg le 19 août et rejoint Limoges. Les deuxième et troisième bataillons sont envoyés au camp de La Courtine.

          - La 72ème .C.A.C., partie de Montréal arrive au Havre, via l’Angleterre le 29 août, puis est dirigée vers Limoges et Saint-Léonard pour commencer son entraînement

          - Une Truck Company (compagnie de transport) sera basée à Châlus de juillet à septembre 1918.

           - Les 59ème, 63ème et 67ème C.A.C. sont basées à Aixe-sur-Vienne. Le château de la Roche (Aixe-sur-Vienne) sera le siège de l’Etat-Major de ces compagnies. Aixe a alors des allures de ville de garnison.  

 

 

 

 

Le château de La Roche sera le siège de l'Etat-Major.

 

 

 

 

 

 

 

En 1918 Aixe a des allures de ville de garnison américaine.